Zeineb BAKLOUTI : « Mon passage à l’IRT m’a permis de grandir dans ma carrière professionnelle »

Ingénieure, cheffe de projet en intelligence artificielle et mise à disposition par Thales, Zeineb revient sur son parcours et son expérience vécue à l’IRT Saint Exupéry. Entre gestion de projet et évolution professionnelle, elle relate les temps forts de ses deux ans passés à l’IRT. Entretien.


En quelques mots, peux-tu nous présenter ton parcours ?

Mon intérêt pour les mathématiques m’a amenée à être diplômée de l’Université de Sfax en Tunisie en 2012, en tant qu’ingénieure en informatique. Je dirais que c’est à cet instant que ma passion pour l’aéronautique a débuté, ou plutôt que l’aéronautique m’a choisie. Mon stage de fin d’études s’est déroulé au sein du Laboratoire d’Automatique, de Mécanique et d’Informatique Industrielles et Humaines à Valenciennes, sur le développement d’un simulateur de supervision de tâches avioniques pour Airbus Helicopters. J’ai toujours été attirée et eu l’envie de m’orienter vers les métiers techniques. C’est donc naturellement que j’ai poursuivi sur une thèse, achevée en 2018 à l’Université de Valenciennes, portant sur les méthodes d’optimisation et les algorithmes de graphes, à savoir la planification de vol en prenant en considération différents paramètres liés à la mission et à l’aéronef. Par la suite, j’ai intégré Thales à Toulouse en qualité d’ingénieure algorithmes sur des sujets de recherche relatifs à l’optimisation des opérations aériennes et la modélisation des performances avion. J’ai également suivi des projets européens comme Clean Sky 2. C’est en 2021, que mon histoire avec l’IRT Saint Exupéry a débuté.


Tu rejoins l’IRT Saint Exupéry, en tant que cheffe de projet, peux-tu nous parler du projet Envia ?

À la fin de l’année 2021, Thales m’a proposé une mise à disposition à l’IRT Saint Exupéry, pour être cheffe de projet sur Envia, un projet passionnant autour de la construction de lois de pilotage avec apprentissage par renforcement. La reconnaissance de l’IRT pour son excellence dans la recherche, et ma volonté d’aborder des sujets de recherche exploratoire bas TRL (Technology readiness level), intégrant l’intelligence artificielle, m’a conduite à rejoindre l’aventure, le 31 janvier 2022.

L’objectif du projet Envia est de créer des lois de pilotage robustes, intégrant de l’Intelligence artificielle. Industriels et académiques sont mêlés, avec la participation de Thales et l’ISAE SUPAERO. L’utilisation d’intelligence artificielle permettrait d’améliorer les capacités d’un aéronef à interagir avec son environnement et d’élargir son domaine d’usage, et ainsi alléger la charge mentale du pilote.  

Chez Thales, nous participons au développement de lois de pilotage robustes avec de l’intelligence artificielle, sur le drone UAS100, pour lui permettre de mieux anticiper les phénomènes météo et donc augmenter sa performance. Un ingénieur de l’IRT Saint Exupéry, Valentin Guillet est mis à disposition au sein des activités avioniques de Thales pour participer activement au projet.


Peux-tu nous parler de ton expérience en tant que mise à disposition Thales à l’IRT Saint Exupéry ?

C’est une expérience qui m’a grandement apporté. D’une part sur le plan professionnel, car durant mes dix premières années professionnelles, j’étais au contact de la technique essentiellement. A l’IRT, j’ai pu élargir mon savoir-faire grâce au métier de cheffe de projet :  compétences de management, juridiques, financières, de coordination et de négociation. Mais aussi sur le plan humain. L’IRT, c’est une grande diversité tant sur les collaborateurs que sur la mixité des projets. Une vraie richesse en interne, mais aussi pour le monde de la recherche, car ça nous permet de mieux avancer ensemble pour atteindre des objectifs communs, avec des angles de visions différents. Je retiens que Thales m’a donné l’opportunité de vivre à l’IRT une expérience très constructive, me permettant de grandir dans ma carrière professionnelle et d’évoluer vers un nouveau poste.


As-tu un fait marquant au cours ton expérience à l’IRT dont tu voudrais nous faire part ?

Au cours du projet Envia, nous avons eu la possibilité d’étendre le projet chez Thales, en particulier le projet ENVIA + planifié jusqu’à fin 2024. La construction de lois de pilotage dans un environnement simulé, suivie par un transfert de la simulation à la réalité sont prévus. C’est un bel aboutissement du projet de par la difficulté de réaliser des tests dans un environnement opérationnel. Et c’est aussi un sujet technologique important car, à notre connaissance, il n’existe aucune théorie permettant de garantir que ce qui est appris par renforcement dans l’environnement simulé fonctionnera dans la réalité. C’est pourquoi nous travaillons avec l’IRT sur ce sujet : pour casser ce verrou scientifique et technologique, et pour le transférer vers l’industrie.

Ma mise à disposition se termine en ce début d’année 2024. De mon côté, je pars pour de nouvelles aventures chez Thales en région parisienne en tant que responsable algorithmes et performances. Je n’oublierai jamais ces années passées à l’IRT qui ont été très formatrices.


Un mot de fin ?

L’intégration de l’intelligence artificielle dans l’avionique critique doit d’abord répondre à des objectifs de sûreté et de confiance. Je suis convaincue qu’elle participera activement aux défis de l’aviation durable à long terme.

Enfin, je dirais que les liens entre académiques et industriels ont toujours existé sur les études matures. L’IRT fait le pont entre ces deux mondes à l’échelle des recherches encore exploratoires afin de prévoir de nouvelles technologies propices à l’aviation de demain. Passer par l’IRT, c’est aussi se rendre compte de la nécessité de développer les recherches en amont pour préparer le futur et répondre aux enjeux environnementaux et de sécurité des vols.

Zeineb BAKLOUTI : « Mon passage à l’IRT m’a permis de grandir dans ma carrière professionnelle »
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